ENQUÊTE : La position compliquée de la vape au Portugal

ENQUÊTE : La position compliquée de la vape au Portugal

S’il est souvent question de la place qu’occupe la vape dans certains grands pays européens comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, on connaît parfois moins la position d’autres comme le Portugal. En plein voyage dans les environs de Lisbonne, la rédaction de Vapoteurs.net a décidé d’observer et d’enquêter pour en savoir plus sur la réalité du terrain. Présence des vapoteurs, commerce, législation et santé, voici notre dossier spécial sur la « position compliquée de la vape au Portugal« .


Y’A T’IL DE LA VAPE POUR VOUS SAUVER DU TABAGISME ?


Bienvenue à Lisbonne, magnifique capitale portugaise et paradis du tourisme depuis quelques années. Pourtant, l’arrivée sur place intrigue, étonne, pas un seul nuage de vapeur aux environs. Plusieurs jours se passent mais toujours aucun vapoteur à l’horizon, de plus, être adepte du fameux dispositif semble attirer les regards comme si une inconnue venait troubler l’équation locale.

Un début d’explication se révèle à nous dans un kiosque portugais ou la constatation est claire : le prix des cigarettes est abordable (5.00 € environ le paquet) et la vape est quasi-absente et remplacée par un autre dispositif de tabac chauffé signé Philip Morris.

« La situation de la vape au Portugal est très instable »  Elio Sequeira

Sommes-nous dans une sorte de multiverse ou la vape n’existerait pas encore ? Armé de notre curiosité, nous partons en recherche de la pépite, du Saint-Graal, en clair, d’une simple boutique de vape.

Élio Sequeira, Gérant d’Aquasmoke Cascais / Créateur de Galaktika Liquids

Et c’est à 30 kilomètres à l’ouest de la capitale, dans la magnifique ville de Cascais que nous trouvons notre bonheur. La boutique Aquasmoke réserve en effet un accueil souriant et nos questions sur la situation de la vape au Portugal sont les bienvenues. Élio Sequeira, gérant du vape shop et fabricant d’e-liquide avec sa marque « Galaktika Liquids » donne son point de vue sur cette relation compliquée entre le vapotage et le Portugal.

A notre interrogation principale il répond sans détour : « La situation de la vape au Portugal est très instable et reste encore fragile. » précisant le contour économique actuelle  » En 2017, il y’avait environ 150 boutiques, aujourd’hui il en reste moins de 100.«  .

 « Le flacon d’un booster nicotiné de 10ml revient à 5.25€ au client. »  Elio Sequeira 

A titre de comparaison, la France compte plus ou moins 3000 boutiques de vape sur son territoire et le Royaume-Uni environ 2000. Alors que nous sommes seuls dans la boutique, Élio Sequeira nous donne un constat clair et inquiétant :  « Les boutiques ont du mal à s’en sortir, le Portugal reste un pays de fumeurs ou les cigarettes ne sont pas chères. De plus la loi interdit toute forme de publicité et ici la TPD est appliquée au plus stricte » .

Et en effet, si la plupart des pays soumis à la directive européenne sur le tabac sont assez souples sur la vape, ce n’est pas le cas du Portugal :  « Nous avons une taxe de 3.25€ / 10ml  sur la nicotine, en clair le flacon d’un booster nicotiné de 10ml revient à 5.25€ au client. » .

Pire encore, le gérant d’Aquasmoke nous dévoile que la vape est en quelque sorte plus taxée que le tabac : « La taxe sur la nicotine est supérieure à celle du tabac, les boutiques gagnent 44 cts par flacon hors frais de port et impôts. En calculant qu’un paquet de cigarette coûte aujourd’hui 5€ dans le pays, il est simple d’évaluer la cause des difficultés de la vape au Portugal. »

Mais que s’est-il donc passé au Portugal alors même que la réduction des risques grâce au vapotage est aujourd’hui un fait avéré ?


POLITIQUE, SANITAIRE, LA VAPE PRISE EN ÉTAU !


Comment un pays comme le Portugal a pu ne pas participer au véritable engouement que la vape a pu susciter à partir de l’année 2012 ? Pour en savoir plus, nous avons évidemment creusé le sujet avec notre interlocuteur. En réalité, c’est une véritable défaillance politique, sanitaire, économique orchestrée qui a empêché la vape de prendre sa place dans un pays ou plus de 22% des 20 – 54 ans sont fumeurs (Statista – 2019).

« Des médecins conseillent la vape mais ne veulent pas se prononcer publiquement »Elio Sequeira

Politiquement, la transposition de la directive tabac a fait beaucoup de mal au vapotage : « Au Portugal, celle-ci est appliqué de façon stricte et je peux vous dire que nous avons eu une amende de 1700€ á cause de la photo d’un dispositif de vape sur notre site. Le motif de l’amende était claire, nous faisions de la publicité aux produits du tabac. »

Avec dépit, le gérant de la boutique Aquasmoke aimerait comprendre la différence de traitement entre les pays européens sur la législation en vigueur :  « Je sais que dans plusieurs pays d’Europe tout les points de la directive tabac ne sont pas obligatoires comme la vente à distance par exemple, pourtant chez nous c’est interdit même s’il y a des boutiques qui le font.« .

« Le dispositif Iqos n’est apparemment pas concerné par les restrictions » Elio Sequeira

Au niveau sanitaire, la situation ne semble pas non plus au beau fixe. Omerta, politique gangrénée ? Toujours est-il qu’au Portugal très peu de spécialistes de santé osent défendre le vapotage : « Nous n’avons aucune aide de ce coté la, nous avons parlé avec certains médecins de nos clients qui leurs avait conseillé la vape mais ceux-ci ne veulent pas se prononcer publiquement » déclare Elio avant d’ajouter « Il faut dire qu’en 2019, un responsable du service pneumologie du Portugal a déclaré à la télévision que la vape était plus dangereuse que la cigarette conventionnelle« .

Pourtant Elio Sequeira fait parti des quelques véritables défenseurs de la vape au Portugal et tente de faire entendre la voix de la raison aux politiques de santé du pays : « Malgré les démarches de notre association APORVAP et les diverses demandes pour participer à des débats afin d’expliquer ce qu’est réellement ce dispositif de réduction des risques, il faut comprendre qu’à ce jour nous n’avons essuyé que des refus. La raison invoqué c’est que la vape serait soit-disant un sujet sensible.« .

Si notre enquête arrive a son terme, une question nous gratte un peu la gorge. En effet, pendant ce périple, si nous n’avons pas vu un seul vapoteur dans les rues, le dispositif de tabac chauffé de Philip Morris, Iqos est lui extrêmement présent. Alors que s’est-il passé ? Le tabac chauffé aurait-il prit la place de la vape au Portugal ?

Pour Elio Sequeira, il y’a en effet un problème : « Iqos est le produit à la mode au Portugal et étonnement celui-ci est présent dans de grands événements que ce soit des concerts ou autres. J’ai même pu assister a une scène devant un restaurant ou une jeune femme faisait de la publicité pour le tabac chauffé en offrant le dispositif. A priori, il faut comprendre que l’Iqos ne semble pas concerné par les restrictions en vigueur au Portugal  » .

En conclusion, il parait clair que la position de la vape au Portugal si elle n’est pas totalement compromise reste extrêmement compliquée. Nous remercions grandement Elio Sequeira pour son accueil et sa participation à cette petite enquête. Pour rappel, la vape est une véritable alternative de réduction des risques face au tabagisme qui mérite au minimum d’avoir une place dans le débat sanitaire actuel.

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A propos de l'auteur

Rédacteur en chef de Vapoteurs.net, le site de référence sur l'actualité de la vape. Engagé dans le monde de la vape depuis 2014, je travaille chaque jour pour que tous les vapoteurs et les fumeurs soient informés.