SUISSE : Inquiétude autour du snus, ce fameux tabac à sucer qui séduit !
SUISSE : Inquiétude autour du snus, ce fameux tabac à sucer qui séduit !

SUISSE : Inquiétude autour du snus, ce fameux tabac à sucer qui séduit !

Encore inconnu il y a vingt ans, le snus conquiert du terrain auprès des jeunes suisses. D’apparence moins néfaste que la cigarette, le tabac à sucer suédois crée une forte dépendance. Alors qu’il sera autorisé à la vente en 2022, les milieux de la prévention s’interrogent


LE SNUS, UNE CONTROVERSE ET DES INQUIETUDES AVANT L’AUTORISATION DE VENTE !


«Au début, tu recherches cette sensation agréable qui fait tourner la tête. Puis tu t’y habitues et elle disparaît. Mais entre-temps, tu es devenu accro au tabac.» A 27 ans, Kevin est un gros consommateur de snus, ce tabac humide conditionné dans de mini-coussinets ressemblant à des sachets de thé. Glissé entre la gencive et la lèvre (supérieure ou inférieure), le sachet poreux reste en place quelques minutes ou plus. La nicotine est alors absorbée par la gencive et atteint la circulation sanguine.

Kevin n’est pas un cas isolé. Depuis quelques années, le snus compte de plus en plus d’adeptes en Suisse, essentiellement parmi les jeunes hommes, notamment lors du service militaire. Selon le rapport d’Addiction Suisse sur le tabagisme, 4,2% des hommes de 15-25 ans en consommaient en 2016. En 2016, 0,6% de la population suisse en utilisait, contre 0,2% en 2011.

A priori moins nocif que la cigarette, le snus laisse des traces. Les effets secondaires les plus fréquents sont des lésions bucco-dentaires qui peuvent être sévères, présente Isabelle Jacot Sadowski, médecin à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne.

«Une consommation régulière peut entraîner des lésions des muqueuses, des rétractions de gencives et endommager ainsi les tissus de soutien de la dent.» Elle évoque aussi un risque augmenté de développer un cancer du pancréas. «Une association existe également entre la consommation de snus et la survenue d’un AVC et d’un infarctus.» Pour la médecin, un des problèmes majeurs reste la forte dépendance que le produit crée.

Afin d’alerter les jeunes, Addiction Suisse a rédigé un prospectus à leur attention en 2014. «Dans le programme national Cool & Clean, dédié au monde du sport, le snus est l’un des sujets traités», note Corinne Kibora, porte-parole d’Addiction Suisse. L’organisation vient également de publier un état des lieux de tous les produits du tabac. «Puisque le marché évolue très vite, il est difficile de s’y retrouver, notamment en matière de risque pour la santé», constate Corinne Kibora.

Isabelle Jacot Sadowski ajoute de son côté: «Il ne faut pas minimiser l’attrait des jeunes, en particulier dans certains milieux sportifs. Le snus n’a pas d’impact négatif sur le système respiratoire, il peut être pris très discrètement dans des lieux publics fermés et est plus attractif que le tabac à chiquer ou à mâcher.»

Interdit de vente depuis 1995 en Suisse (et depuis 1992 au sein de l’Union européenne), le snus bénéficiait d’un flou descriptif qui permettait aux kiosquiers d’en écouler sous le libellé de produit à mâcher. Bien que l’article de loi ait été corrigé en 2016, plusieurs kiosques continuent d’en proposer.

D’ici à 2022, cela sera même légal. Après le refus d’un premier projet de loi de la part du parlement, le Conseil fédéral a présenté un nouvel avant-projet dans lequel le snus serait légalisé et la publicité sur le tabac dans les journaux et dans les cinémas resterait autorisée.

La Commission fédérale pour la prévention du tabagisme avait pourtant recommandé de ne pas légaliser ce tabac à sucer. L’Ecole suisse de santé publique vient, elle, d’analyser le projet de loi et en livre une vive critique: «Il vise uniquement à protéger l’industrie du tabac et les secteurs économiques qui en dépendent sans considération pour l’intérêt public et les droits fondamentaux.»

SourceLetemps.ch/

Com Inside Bottom
Com Inside Bottom
Com Inside Bottom
Com Inside Bottom

A propos de l'auteur

Rédactrice et correspondante Suisse. Vapoteuse depuis de nombreuses années, je m'occupe principalement de l'actualité suisse.