Arômes sous le comptoir : enquête sur l’essor du marché noir du vapotage au Québec

Arômes sous le comptoir : enquête sur l’essor du marché noir du vapotage au Québec

1. Un interdit contourné massivement

Alors que le gouvernement québécois a interdit les arômes dans les produits de vapotage, une nouvelle enquête révèle que 76 % des adultes vapoteurs affirment avoir acheté au moins une fois en 2025 un produit interdit — en hausse de 8 points sur un an. Cette consommation illégale inclut des systèmes fermés de plus de 2 ml et des systèmes ouverts supérieurs à 30 ml, qui échappent aux flots de la réglementation.


2. Le reflux vers les boutiques physiques

Alors que les achats en ligne reculent, l’achat en boutique spécialisée grimpe : 52 % des consommateurs se tournent vers ces commerces en 2025, contre 40 % l’année précédente. Le virage vers les lieux de vente physiques signifie une recrudescence de la vente clandestine, échappant aux contrôles gouvernementaux.


3. Risques pour la santé et danger EVALI

L’absence de contrôle sur ces produits illégaux n’est pas anodine : des substances non réglementées, mal étiquetées, pourraient provoquer des accidents semblables à ceux de l’épidémie américaine “EVALI” (plus de 2 800 hospitalisations, 68 décès). Le risque de récidive de ce type de crise existe bel et bien.


4. L’avertissement d’Impérial Tobacco

Éric Gagnon, vice-président d’Impérial Tobacco Canada, dénonce l’inefficacité de la loi : plus de 200 commerces écoperaient de non-conformité continue, mais très peu ont été sanctionnés. Selon lui, l’absence de retraits systématiques et de contrôles rigoureux nourrit ce marché parallèle dangereux.


5. Enquête médiatique : défi des rehausseurs de saveurs

Des reportages récents ont pointé du doigt l’utilisation d’« arômes concentrés » vendus comme additifs, ainsi que des liquides surdosés vendus en boutique, souvent pour contourner l’interdiction. L’imagination du marché noir est vive, et les lois peinent à suivre.


6. Appels au renforcement des contrôles

Impérial, ainsi que plusieurs associations santé, réclament des mesures étudiées : formation des inspecteurs, blitz de contrôles, amendes significatives (jusqu’à 500 000 $), voire centralisation des ventes via des régies publiques semblables à la SAQ ou à la SQDC.


7. Les voix de la prévention

Plus d’une vingtaine d’organismes luttant contre le tabac demandent que 2,7 % du pactole de 6,6 milliards $ venu d’un règlement avec les cigarettiers soit redirigé vers la prévention, le sevrage et la lutte contre le marché illégal de vapotage aromatisé. Ils soulignent que sans financement adéquat, les politiques en place resteront inefficaces.


8. Leçons d’ailleurs : l’échec réglementaire annoncé

Ce scénario n’est pas inédit : en Nouvelle-Écosse, l’interdiction soudaine des arômes avait provoqué un boom du marché illégal, augmentant le risque pour les usagers. Le Québec semble suivre cette trajectoire dangereuse, faute de sanctions adaptées et d’alternatives réglementées.


En conclusion

Le Québec fait face à un paradoxe inquiétant : vouloir protéger les jeunes d’un côté, mais laisser proliférer un marché noir incontrôlé de l’autre. Sans renforcement réel des contrôles, sans sanctions dissuasives, et sans options réglementées attrayantes pour les adultes, l’interdiction des arômes risque de se transformer en un échec de santé publique — avec des conséquences potentiellement sévères.

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A propos de l'auteur

Rédactrice et correspondante Suisse. Vapoteuse depuis de nombreuses années, je m'occupe principalement de l'actualité suisse.