Bruxelles vise les produits nicotinés pour renflouer ses caisses, la Suède crie au scandale

Bruxelles vise les produits nicotinés pour renflouer ses caisses, la Suède crie au scandale

1. Une révolution fiscale en préparation

Bruxelles envisage d’intégrer une nouvelle ressource propre au budget de l’Union — via une hausse des droits d’accise sur le tabac. La redevance porterait autant sur les cigarettes que sur les produits nicotiniques alternatifs (e‑liquides, cigarettes chauffées, sachets de nicotine), avec l’option d’une augmentation jusqu’à +139 % pour certaines catégories.

L’objectif : renforcer la capacité financière de l’Union européenne sans dépendre exclusivement des contributions nationales. La Commission justifie cette mesure par la nécessité de financer des priorités stratégiques — défense, transition écologique, dette — et d’agir sur la santé publique en réduisant la consommation nocive.


2. Santé publique et pression budgétaire : double justification

D’un côté, un tabac plus cher réduit la consommation, en particulier chez les jeunes, et permet de limiter le fardeau sanitaire — près de 700 000 décès évitables par an dans l’UE.
De l’autre, l’intégration de la taxe dans le budget de l’UE viserait à créer une source de financement fiable, capable de soutenir les ambitions communes sans peser directement sur les finances des États membres.


3. Contre-offensive suédoise : défense de la souveraineté fiscale

Mais la proposition heurte frontalement la Suède. Sa ministre des Finances, Elisabeth Svantesson, a qualifié cette initiative de « complètement inacceptable ». Selon elle, taxer fortement les produits comme le snus — l’alternative suédoise au tabac fumé — et faire remonter ces taxes vers Bruxelles constitue une attaque contre la souveraineté nationale.

« Les recettes doivent revenir à la Suède, pas à la bureaucratie de l’UE », a-t-elle affirmé publiquement.

La Suède, où la prévalence du tabagisme a chuté à 5 % grâce entre autres au snus, représente un modèle européen de réduction des méfaits — modèle qu’elle entend préserver.


4. Des désaccords à l’échelle de l’UE

Outre la Suède, des pays comme l’Italie, la Grèce, la Roumanie ou la Bulgarie se positionnent en réserve, en invoquant des enjeux de régulation, de souveraineté et de prévention.
La mise en place d’une telle réforme nécessite l’unanimité des 27 États, ce qui rend son adoption délicate.


5. Taxer tous les produits nicotiniques : une approche sans nuance ?

Certains experts alertent sur l’effet contre-productif d’une politique uniforme : ils craignent que les produits à moindre risque — notamment le snus ou certaines vapes — ne soient pénalisés de manière excessive, au détriment de la stratégie de réduction des méfaits.

En réclamant une différenciation, ils soulignent que des alternatives moins nocives peuvent aider des fumeurs récalcitrants à arrêter la cigarette.


6. Une question de souveraineté et d’équité fiscale

Au cœur du débat, deux enjeux se télescopent :

  • La souveraineté nationale : chaque État souhaite conserver le contrôle de sa politique fiscale, notamment sur la santé publique.

  • L’efficacité européenne : Bruxelles vise à moderniser et harmoniser les politiques tabac au niveau du marché commun, tout en sécurisant le financement de ses programmes.


Conclusion

La proposition d’utiliser les taxes sur le tabac comme ressource propre à l’Union invite à repenser le rôle de Bruxelles face aux États sur des compétences longtemps considérées nationales.
Elle suscite un dilemme : comment concilier ambition commune, justice sociale, santé publique et respect des spécificités nationales ?
Bruxelles devra trouver un compromis — peut-être avec des exonérations pour les produits à moindre risque — pour apaiser les réticences et compléter un budget UE en pleine redéfinition.

Com Inside Bottom
Com Inside Bottom

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef de Vapoteurs.net, le site de référence sur l'actualité de la vape. Engagé dans le monde de la vape depuis 2014, je travaille chaque jour pour que tous les vapoteurs et les fumeurs soient informés.