Vers une interdiction européenne des puffs et arômes sucrés : une réglementation en gestation
L’Union européenne pourrait bientôt opérer un tournant majeur dans sa politique de santé publique liée à la cigarette électronique. En mai 2025, douze États membres, emmenés par la Belgique et la Pologne, ont formellement demandé à la Commission européenne de mettre fin à la commercialisation des cigarettes électroniques jetables (« puffs ») et des e-liquides aromatisés sucrés, jugés trop attractifs pour les jeunes.
Cette initiative, adossée à la directive européenne 2014/40/UE sur les produits du tabac, vise à activer un acte délégué permettant une interdiction ciblée sans révision législative longue. L’objectif est double : réduire l’attractivité de la vape chez les mineurs et éviter la prolifération de produits non conformes issus de circuits parallèles ou d’importations illégales.
Une dynamique paneuropéenne de plus en plus marquée
Des pays comme la France, l’Irlande, l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore la Finlande ont déjà amorcé leur propre processus d’interdiction des puffs, souvent avec des calendriers d’application étalés sur 2024 et 2025. Le Danemark, la Lituanie et la Hongrie restreignent quant à eux fortement les arômes autorisés.
Le principal grief : ces dispositifs jetables à usage unique, souvent commercialisés sous forme de gadgets colorés et fruités, sont conçus pour séduire les adolescents, avec un prix d’entrée très bas, une accessibilité maximale et une forte concentration en nicotine (souvent via des sels de nicotine).
Un modèle commercial contesté
Les critiques visent également l’impact environnemental des puffs : batteries au lithium non recyclables, composants électroniques jetés après usage, flacons plastiques… Leur interdiction serait donc autant sanitaire qu’écologique.
Les fabricants, de leur côté, plaident pour une autorégulation, arguant que ces produits peuvent aussi servir de porte d’entrée vers le sevrage tabagique chez certains adultes. Ils rappellent également que l’interdiction pourrait pousser les consommateurs vers des produits non contrôlés ou de contrebande.
Une mise en conformité attendue au second semestre 2025
La Commission européenne devrait rendre son avis d’ici fin 2025. En cas de validation, les fabricants auraient un délai limité pour retirer les produits du marché ou adapter leurs gammes aux nouvelles normes (interdiction des arômes sucrés, batteries rechargeables, etc.).
Cette orientation confirme une tendance lourde : l’Europe durcit son arsenal réglementaire face à la progression rapide de la vape jetable, perçue comme un cheval de Troie sanitaire pour les plus jeunes.